Menu

dimanche 29 septembre 2013

Lutte anti-tabac : Intense lobbying contre la directive sur les produits du tabac

Le vote concernant la directive sur les produits du tabac devrait intervenir au Parlement européen mardi 8 octobre. Mais aura-t-il seulement lieu ? Il devait initialement intervenir le 10 septembre mais avait été reporté quelques jours auparavant, à la demande du groupe du Parti populaire européen (PPE-droite) et des eurosceptiques du groupe ECR (conservateurs).

L'industrie du tabac mène depuis des mois un lobbying intense pour repousser le texte, critiquant une "ligne dure". A ce stade, le texte prévoit des avertissements sanitaires sur 75 % de la surface du paquet, l'interdiction des cigarettes slim et de certains arômes caractérisant comme le menthol. L'objectif des députés antitabac, dont la démocrate socialiste britannique Linda McAvan, chargée de la révision de la directive sur le tabac, est de réduire de 2 % le nombre de fumeurs dans l'Union européenne dans un délai de cinq ans, alors que le tabac y est associé à 700 000 décès par an.
La majorité des amendements actuels tentant d'affaiblir le projet de loi « ont été déposés par de nombreux députés qui, d'habitude, ne se préoccupent jamais de santé. (...) On peut deviner qu'ils sont des instruments d'une pression intense avec des arguments de poids économique », avait indiqué à la presse belge l'eurodéputée libérale belge Frédérique Ries.


Listes de parlementaires européens
Pétitions

« Ce report de vote est le signe d'une nouvelle victoire des lobbies de l'industrie du tabac. Il est honteux que mes collègues des autres groupes aient cédé à leurs pressions", dénonçait Michèle Rivasi, députée européenne du groupe des Verts/Alliance libre européenne et membre de la Commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie (ITRE), le 10 septembre. "Cela n'a malheureusement rien d'étonnant, quand on sait que l'industrie du tabac emploie une armée de lobbyistes à Bruxelles", ajoute Michèle Rivasi.
L'hebdomadaire britannique The Observer vient de révéler des documents montrant que 161 lobbyistes sont actifs au niveau communautaire pour le cigarettier américain Philip Morris. En juillet, une enquête de l'association Corporate Europe Observatory a dévoilé qu'environ 97 lobbyistes défendent les intérêts de l'industrie du tabac à Bruxelles, à temps plein, avec un budget de 5,3 millions d'euros. Un chiffre que le CEO juge sous-estimé.
Le Parisien a dévoilé, le 21 septembre, des documents internes montrant que Philip Morris, numéro un mondial du tabac, avait établi des listes de parlementaires européens en fonction de leur soutien ou de leur opposition présumés à la lutte anti-tabac afin de les approcher. Ce qui a été contesté dans un communiqué de Philip Morris International. Des consignes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) proscrivent, sauf nécessité absolue, de telles initiatives.

Les pétitions lancées par les fabricants pour s'opposer à la directive sur les produits du tabac sont monnaie courante, orchestrées par Freedom Organisation for the Right to Enjoy Smoking Tobacco (Forest), un groupement proche de Big Tobacco.


La cigarette électronique figure aussi au coeur des discussions. L'industrie du tabac ne souhaite pas qu'elle obtienne le statut de médicament, ni qu'elle soit distribuée en France dans le réseau des buralistes. "L'arrivée de Big Tobacco dans cet univers ne peut qu'inquiéter quand on connaît la façon dont, par le passé, les industriels du tabac ont su organiser le détournement de la préoccupation citoyenne au profit de la défense de leurs intérêts", souligne le rapport d'experts sur la e-cigarette de l'Office français de prévention du tabagisme. L'industrie pharmaceutique est pour l'instant restée silencieuse mais regarde de près ce phénomène.

Les utilisateurs de la e-cigarette, réunis dans l'Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique, qui s'est développée grâce aux réseaux sociaux et aux forums, se sont donné rendez-vous la veille du vote. Ils réclament que la e-cigarette reste un "produit accessible à tous" et ont aussi lancé une pétition qui a recueilli 37 000 signatures. Linda McAvan espère que le vote aura bien lieu le 8 octobre. Dans le cas contraire, le texte serait enterré, faute de pouvoir être adopté avant les prochaines élections européennes, en mai 2014.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire