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vendredi 7 mars 2014

Plus de risques cardiovasculaires pour les enfants de fumeurs


Fumer à proximité d'un enfant augmente ses risques d'attaques et d'AVC à l'âge adulte.

Mort subite du nourrisson, crises d'asthme, rhino-pharyngites et otites à répétition: ces effets directs du tabagisme passif sur la santé des enfants sont désormais connus. Des scientifiques viennent d'en révéler un nouveau, moins visible et néanmoins préoccupant: l'épaississement durable de la paroi des artères, qui augmente le risque de maladies cardio-vasculaires à l'âge adulte.
Les chercheurs de l'université de Tasmanie ont analysé les données sur 25 ans de deux populations, l'une finlandaise (2401 individus), l'autre australienne (1375). Selon leurs calculs, publiés cette semaine dans la revue de la société européenne de cardiologie, les enfants exposés au tabagisme passif, en général par leurs parents, présentent des artères plus vieilles de 3,3 années par rapport à leur âge réel. Cela équivaut à un épaississement moyen de 0,015 mm de la paroi vasculaire par rapport aux enfants dont les parents ne fument pas. Cet épaississement est «modeste», reconnaît l'auteure principale, Seana Gall, mais il suffit à induire un sur risque irréversible de pathologies cardiovasculaires ou d'accident vasculaire-cérébral à l'âge adulte.
«On sait déjà que l'exposition à la fumée de tabac agit sur les artères en réduisant leur capacité à se dilater. Mais cette étude montre que lorsque l'exposition est régulière et prolongée chez l'enfant, elle entraine une modification structurelle des artères qui s'épaississent précocement», explique au Figaro le Pr Daniel Thomas, cardiologue l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Cette déformation favorise à terme le dépôt de plaques de lipides sur la paroi artérielle qui peut s'altérer ou se boucher. «Cela ne signifie pas que l'individu va faire un infarctus à 30 ans, néanmoins, c'est un petit handicap supplémentaire pour l'avenir de l'enfant exposé, qui pourrait facilement être évité si les parents arrêtaient de fumer», poursuit-il.
Le Dr Gall rappelle par ailleurs que les enfants de fumeurs cumulent d'autres indices sanitaires défavorables: ils sont par exemple plus fréquemment eux-mêmes fumeurs à l'âge adulte, et présentent davantage de problèmes de surpoids.
Parmi les 4000 composants chimiques identifiés dans la fumée de cigarette, 250 sont nocifs et une cinquantaine est cancérigène. Les mesures pour réduire le tabagisme passif à la maison ou en voiture, lieux où les enfants sont les plus exposés, sont rares mais en progression. À ce jour, une petite dizaine de pays interdisent de fumer au volant en compagnie d'un enfant, parmi lesquels l'Afrique du Sud, Chypre, plusieurs provinces canadiennes et une poignée d'États américains. Le Royaume-Uni s'apprêterait à les rejoindre. Par ailleurs, des études ont montré que les lois interdisant de fumer dans les lieux publics conduisent les particuliers à modifier leurs habitudes à la maison aussi, en choisissant par exemple de fumer à l'extérieur. Toutefois, note Seana Gall, la réduction du tabagisme passif chez les enfants est surtout observée dans les couches socioprofessionnelles les plus élevées. Environ 40% des enfants dans le monde sont exposés au tabagisme passif.

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