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mardi 25 mars 2014

Culture du tabac : les impacts socio-économiques et environnementaux

Pollution, déforestation, maladies professionnelles, travail des enfants…  La production de tabac a des effets néfastes importants sur l’environnement et les hommes, en particulier dans les pays en voie de développement ou nouvellement industrialisés où la grande majorité du tabac produit dans le monde est cultivé. 

Culture du tabac : un désastre écologique et sanitaire
Chaque année, 6,2 millions de tonnes de tabac sont produites, dans 120 pays. Les champs de tabac représentent à l’échelle planétaire 36 000 km2, dont 90% sont situés dans les pays en voie de développement.
Cette culture représente un grave problème pour l’environnement. La production de tabac nécessite en effet l’usage d’engrais et de pesticides en grande quantité. Jusqu’à 150 produits chimiques peuvent être nécessaires ! Conséquences : la pollution des terres, des rivières et des nappes phréatiques. De plus, la culture du tabac appauvrit de façon rapide les sols en drainant les éléments nutritifs. Le tabac absorbe en effet plus d’azote, de phosphore et de potassium que n’importe quel autre produit agricole. Il faut donc sans arrêt de nouvelles terres pour planter le tabac. Pour cela, les forêts sont défrichées. Le séchage du tabac nécessite en outre de grandes quantités de bois : il faut plus de 8 kg de bois pour sécher 1 kg de tabac. Selon l’OMS, 200 000 hectares de forêts seraient détruites chaque année pour la production de tabac. Une grave menace pour l’écosystème. Avec des conséquences pour les hommes aussi : glissements de terrain, inondations. La culture du tabac entraîne également de graves problèmes sanitaires. Les travailleurs sur les plantations de tabac sont exposés aux dangereux pesticides utilisés dans la culture du tabac, dont l'aldicarbe, le chlorpyrifos, et le 1,3 dichloropropène, qui sont particulièrement toxiques et peuvent entraîner des problèmes de santé chroniques, en particulier lorsqu'ils sont utilisés sans équipement de protection, ce qui est le plus souvent le cas. Une étude sur les cultivateurs de tabac au Brésil a montré que 48% des membres de leur famille ont des problèmes de santé liés à l’exposition aux pesticides. On pense que l’exposition à des pesticides organophosphatés aurait des effets neuropsychiatriques inquiétants. Ainsi, au Brésil, chez les producteurs de tabac, le taux de suicide est particulièrement élevé. En outre, de nombreux ouvriers agricoles souffrent de la « maladie du tabac vert » due à l’absorption cutanée de nicotine lors de la récolte de feuilles de tabac humides. Les symptômes ? Nausées, vomissements, malaises, maux de tête, vertiges, crampes abdominales, difficultés respiratoires, arythmie cardiaque… 

Culture du tabac: un facteur de pauvreté
La culture du tabac n’est pas une activité rentable pour les exploitants. Ce sont les cigarettiers qui font fortune. Les producteurs de tabac, eux, demeurent pauvres, malgré les nombreuses années passées à cultiver le tabac, du fait des coûts d’exploitation élevés.
Les cultures de tabac consomment en effet beaucoup de main d’œuvre et de moyens de production. Des chercheurs brésiliens estiment que jusqu’à 3 000 heures de travail par an et par personne sont nécessaires pour cultiver un hectare de tabac, ce qui équivaut à 8 heures de travail par jour et par personne sur 365 jours. A titre de comparaison, la culture du maïs ne demande que 265 heures par an. Des chiffres édifiants : un cultivateur de tabac moyen au Brésil gagne environ en six ans l’équivalent de ce que le directeur de BAT gagne en un seul jour, et il devrait attendre 2140 ans pour toucher l’équivalent de son salaire annuel. En outre,  les cultivateurs sont le plus souvent endettés à cause du système de « contrats » mis en place par  les industriels du tabac dans plusieurs pays producteurs. Le principe ? Les industriels du tabac accordent un crédit sous forme de semences, d’engrais et de pesticides  aux cultivateurs. Ceux-ci, en contrepartie, s’engagent à vendre toute leur production à la même compagnie pour un prix fixé bien sûr par celle-ci. Les sommes récoltées n’égalent pas toujours le crédit de départ, ce qui ne permet pas aux exploitants de rembourser leurs dettes : ainsi commence le cycle d’endettement qui empêche les agriculteurs d’arrêter la culture du tabac pour se consacrer à d’autres, demandant moins de travail. Un grand nombre de cultures sont plus rentables que le tabac, telles que  la culture de roses aux Zimbabwe, celle du tournesol au Bangladesh ou encore la production de denrées alimentaires en Inde du Sud. De plus, la production de tabac nécessite l’occupation de millions d’hectares de surfaces cultivables, au détriment des cultures vivrières, pourtant nécessaires à la survie de la population. Si l’on plantait des cultures alimentaires à la place des cultures de tabac, on estime que plus de 15 millions de personnes pourraient être nourries.

Culture du tabac : le scandale du travail des enfants
Il est impossible de déterminer avec exactitude combien d’enfants sont employés dans la culture du tabac mais on sait qu’ils sont très nombreux. 
La production de tabac demande une main d’œuvre importante et les exploitants préfèrent faire travailler leurs enfants plutôt que de payer des adultes supplémentaires. Ils sont exposés à un risque accru d’accidents et de maladies. Les enfants exposés aux pesticides souffrent de troubles de la peau, des yeux, du système respiratoire ou du système nerveux. Selon des données recueillies au Sri Lanka, les décès dus à l’exposition aux pesticides sont plus nombreux, chez ces enfants, que ceux dus aux maladies infantiles, à la malaria et au tétanos. Les enfants travaillant dans les plantations de tabac  sont les premiers touchés par la maladie du tabac vert. Un rapport de l’association Plan sur les enfants du Malawi intitulé «Travailler dur, pour un salaire ridicule et de longues heures» révèle que ces enfants qui travaillent dans les champs de tabac, parfois dès l'âge de cinq ans, souffrent de graves symptômes physiques - fortes migraines, douleurs abdominales, faiblesse musculaire, difficultés respiratoires entre autres- dus à l'absorption de près de 54 milligrammes de nicotine par jour à travers leur peau, soit l'équivalent de 50 cigarettes.  De plus, ces enfants employés dans les champs ou les usines de tabac ne vont pas à l’école, ce qui les prive de l’espoir d’un avenir meilleur et contribue à la pauvreté multi-générationnelle.
Le tabac n’est pas nocif que pour ceux qui le fument…

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