Les
ministres de la santé souhaitent que 75 % des paquets soient recouverts de
messages de mise en garde.
Les
ministres de la Santé de 16 des 28 États de l'Union européenne ont lancé
vendredi un appel pour accélérer l'adoption d'une nouvelle législation
européenne contre le tabagisme,
combattue par le lobby cigarettier.
Cet
appel, lancé avant un vote déterminant au Parlement européen mardi, pour des
questions de calendrier électoral, est signé par la France ainsi que par des
pays perçus comme protabac, dont la Grèce et l'Espagne. Leurs ministres
«exhortent les députés européens» à donner leur feu vert à l'ouverture
«aussitôt que possible» de négociations entre les institutions de l'Union
européenne «pour parvenir à un accord d'ici à la fin de l'année» sur la
nouvelle directive antitabac.
Le
texte devant être examiné par le Parlement prévoit notamment l'affichage
d'avertissements de santé sur 75 % de la surface recto verso des paquets
de cigarettes. «Les paquets constituent une surface de publicité considérable.
Il est important de faire en sorte qu'ils ne soient plus attractifs. Avec une
telle mesure, les buralistes ne pourraient plus présenter le côté du paquet sur
lequel on ne voit pas ou à peine: “Fumer tue”», explique Gérard Audureau,
président de l'Association du droit des non-fumeurs.
L'interdiction de l'utilisation des arômes et des cigarettes fines est
également au programme. «Nous savons que l'association d'un arôme sucré avec la
nicotine est particulièrement addictive…», poursuit Gérard Audureau. Enfin, les
cigarettes électroniques pourraient être assimilées à un médicament, dont la
vente serait limitée. «Il ne faut pas que ce produit à la mode ait un effet
incitatif sur les fumeurs», conclut-il.
«Un
coût considérable»
Les
ministres «rappellent que le tabac est responsable du décès de près de 700.000
citoyens de l'UE chaque année» et relèvent également «le coût considérable»
pour les systèmes de santé des maladies liées au tabac, «alors qu'une grande
partie de l'Europe est frappée par l'austérité».
Le
Parlement européen devait voter début septembre sur le nouvel arsenal européen,
visant surtout à diminuer l'attrait des produits du tabac auprès des jeunes et
des femmes, mais le vote avait été reporté, sur fond de mobilisation générale
de l'industrie du tabac.
L'eurodéputée
allemande Rebecca Harms a notamment accusé le géant du tabac Philip Morris d'avoir dépensé
1,5 million d'euros en 2012 pour tenter de convaincre des parlementaires d'édulcorer
le projet. Environ un tiers des eurodéputés ont ainsi été invités à
d'excellentes tables, a-t-elle précisé. «150 lobbyistes ont été envoyés à
Strasbourg pour convaincre les eurodéputés. Nous n'avons évidement pas les
mêmes moyens», confirme Gérard Audureau. Le lobbying de Philip Morris évoque
«une opération militaire», avait pour sa part dénoncé l'eurodéputée britannique
Linda McAvan. Également soumis aux pressions des producteurs de tabac et
fabricants de cigarettes, les 28 s'étaient pour leur part entendus sur un
compromis adoucissant certaines des mesures proposées.
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