Dépistage de la tuberculose
Le
fardeau de la tuberculose peut être mesuré en termes d’incidence
(nombrede nouveaux cas de TB et de rechutes pendant une période
déterminée), de prévalence (nombre de cas de TB à un moment déterminé)
et de mortalité (nombre de décès par TB pendant une période déterminée).
Ces indicateurs sont difficilement mesurables et leursestimations sont
fort incertaines. Le Cameroun n’a pas effectué d’enquête nationale de
prévalence de la TB et ne dispose pas de données de mortalité issuesd’un
système de collecte des données d’état civil. Il n’appartient pas non
plus aux 96 pays pour lesquels les estimations de l’incidence ont été
revues sur base de l’analyse des données disponibles de notification,
d’enquête ou de surveillance,enconsultation avec les pays, et en tenant
compte de l’opinion d’experts concernant la proportion des cas
diagnostiqués non rapportés ou non diagnostiqués.
L’OMS
estime qu’en 2012 le taux de mortalité par TB au Cameroun, en excluant
le VIH, était de 29 (12-54)/100.000, le taux de prévalence toutes formes
y compris VIH positives, était de 319 (153-344)/100.000 et le taux
d’incidence, incluant aussi les cas VIH positifsétait de 238
(117-283)/100.000 habitants[1] .
Ces estimations placent le Cameroun dans le même groupe de pays que le
Tchad, la Guinée Equatoriale etla Côte d’Ivoire. Toutefois, vu la grande
incertitude de ces estimations, le PNLT utilise les chiffres de
notification et leurs tendances pour estimer le fardeau de la TB au
Cameroun et pour la planification.
Le nombre total de cas de tuberculose détectés en 2013 était de 26.110 (tableau 2)[2] .
Il a doublé entre 2002, année où le programme a atteint une couverture
nationale,et 2006, pour se stabiliser ensuite autour de 25.000 cas par
an.
Tableau 2. Notification des cas de tuberculose au Cameroun. 2004-2013
|
Nouveaux cas TPM+
|
Rechutes
|
Echecs
|
Reprises
|
TPM-
|
Extra-pulmonaires
|
Total
|
Variation
|
2004
|
11 656
|
767
|
103
|
470
|
3 690
|
2 104
|
18 790
|
|
2005
|
13 006
|
1 016
|
93
|
481
|
5 021
|
2 461
|
22 078
|
17%
|
2006
|
13 811
|
901
|
88
|
475
|
6 569
|
3 035
|
24 879
|
13%
|
2007
|
12 217
|
928
|
543
|
494
|
7 588
|
3 033
|
24 803
|
0%
|
2008
|
14 233
|
917
|
91
|
412
|
6 282
|
3 191
|
25 126
|
1%
|
2009
|
14 308
|
1 035
|
128
|
373
|
5 672
|
3 165
|
24 681
|
-2%
|
2010
|
14 464
|
1 015
|
167
|
312
|
5 437
|
3 157
|
24 552
|
-1%
|
2011
|
14 927
|
1 068
|
163
|
430
|
4 941
|
3 597
|
25 126
|
2%
|
2012
|
15 016
|
1 058
|
158
|
400
|
5 204
|
3 524
|
25 360
|
1%
|
2013
|
15 080
|
1 140
|
126
|
387
|
5 501
|
3 877
|
26 110
|
3%
|
On
relève néanmoins une augmentation de 3% du total de cas en 2013 par
rapport à 2012, portant essentiellement sur les formes non confirmées.
En tenant compte de la croissance de population estimée à 2,5%[3] ,
le taux de notification est plutôt en décroissance. En général, environ
60% des nouveaux cas sont atteints de tuberculose pulmonaire à
microscopie positive (TPM+).
Figure 2. Evolution de la notification de la TB au Cameroun. 2002 à 2013
En
2013, le taux de notification de la TB toutes formes confondues était
de 125/100.000 et celui de la tuberculose à microscopie positive était
de 72/100.000. De fortes variations sont observées selon les régions (voir tableau 3 et figure 3).
Tableau3. Détection de la TB par région. 2013
NB :
Les villes de Douala et Yaoundé sont comptées comme régions
épidémiologiques séparées afin de mettre en évidence l’importance du
problème de la tuberculose urbaine.
En
2013, 34% du total de cas étaient détectés à Yaoundé et Douala,
proportion semblable à celles des années antérieures. Les taux de
notification les plus élevés sont habituellement trouvés dans les
grandes villes, ce qui se vérifie pour Douala mais moins pourYaoundé.
Concernant les taux de notification particulièrement élevés constamment
rapportés par la région de l’Est, plusieurs explications sont possibles.
La première serait une sous-estimation de la population totale, due
entre autres au flux régulier de réfugiés de CAR, en hausse depuis la
fin 2013 (voir ci-dessus section 2.4). Deuxièmement, la région de l’Est,
comme celles du NO et du SO, ont des prévalences élevées de VIH parmi
la population. Par ailleursle taux de notification varie de façon
significative entre les régions, avec l’existence de zones à forte
transmission de TB, ce qui a été mis en évidence par une étude récente
sur la notification de la TB à Douala.[4] Enfin il pourrait y avoir des problèmes de qualité des données.
Figure 3. Taux de notification de la TB par région. 2013
1.2. La co-infection TB/VIH
Le dépistage du VIH chez les malades tuberculeux est devenu presque la
routine. En 2013, 82% des tuberculeux ont été testés pour le VIH, 38% du
total des cas et 32% des nouveaux TPM+ étaient VIH+, ce qui place le
Cameroun parmi les pays à forte prévalence de coinfection TB-VIH.
Celle-ci est restée stable au cours des dernières années, ce qui peut
être associé à la persistance de l’épidémie du VIH dans le pays et au
fait que la couverture de la thérapie antirétrovirale est encore faible
par rapport aux besoins (environ 50% des cas éligiblesétaient sous ARV à
la fin 2011 selon les estimationsdu CNLS)[5] .
On
observe des variations significatives entre les régions, ce qui reflète
la distribution inégale de l’infection par le VIH dans la population.
Les régions du NO, SO et Est rapportent les taux les plus élevés de
coinfection parmi les nouveaux cas TPM+ tandis que l’EN relève le taux
le plus faible. Les taux de coinfection parmi les autres formes de
tuberculose peuvent être faussés par un diagnostic incertain de
tuberculose. En termes de nombre de cas, les villes de Yaoundé et Douala
fournissent environ le tiers des patients coinfectés (35% en 2013).
Tableau 4. Coinfection TB-VIH chez les patients tuberculeux notifiés au Cameroun en 2013
|
Nouveaux cas TPM+
|
Tous les cas de TB
|
Regions
|
Testés
|
VIH+
|
Testés
|
VIH+
|
Adamaoua
|
83%
|
33%
|
80%
|
37%
|
Centre
|
82%
|
31%
|
80%
|
37%
|
Yaoundé
|
79%
|
33%
|
77%
|
46%
|
Est
|
76%
|
40%
|
75%
|
48%
|
Extreme-Nord
|
83%
|
15%
|
75%
|
18%
|
Littoral
|
97%
|
30%
|
98%
|
36%
|
Douala
|
89%
|
25%
|
85%
|
36%
|
Nord
|
66%
|
23%
|
64%
|
27%
|
Nord-Ouest
|
98%
|
60%
|
98%
|
60%
|
Ouest
|
94%
|
32%
|
94%
|
40%
|
Sud
|
91%
|
35%
|
90%
|
38%
|
Sud-Ouest
|
89%
|
39%
|
88%
|
44%
|
Cameroun
|
12.729 (84%)
|
4.037 (32%)
|
21.329 (82%)
|
8.147 (38%)
|
1.3. La tuberculose multirésistante
Le WHO Global Tuberculosis Report 2013 estime à 670 (140-1200) le
nombre total des cas de TBMR pour le Cameroun pour l’année 2012, dont
510 (2-1000) parmi les cas jamais traités auparavant et 160 (57-270)
parmi les cas de la tuberculose déjà traités pour la TB. Les intervalles
larges de confiance donnés par l’OMS indiquent le niveau d’incertitude
concernant le problème de la TBMR au pays. Même si aucune enquête
nationale sur la résistance aux antituberculeuxn’a été menée, on dispose
des résultats d’une série d’enquêtes régionales(tableau 5) et
de la surveillance systématique de la résistance parmi les cas de
retraitement réalisée dans plusieurs régions au cours des dernières
années. En 2013, cette surveillancea été faite en routine dans
les régions de Douala, Littoral, NO, Ouest, SO et Yaoundé. Les autres
régions n’ont pas résolu le problème d’envoi des échantillons au
laboratoire de référence.
Tableau
5. Données disponibles sur la TBMR au Cameroun suite aux études
prospectives de prévalence et à la surveillance systématique continue
parmi les retraitements.
Année
|
Région
|
Source données
|
TBMR parmi les cas jamais traités (%)
|
TBMR parmi les cas déjà traités (%)
|
1997/98
|
|
Etude prospective, 1 année, incluant tous les cas TPM+, (>85% testés)
|
1,4
|
13,2
|
2004/05
|
|
Etude prospective, 1 année, incluant tous les TPM+, 616 (>85% testés)
|
3,3
|
17,2
|
2009/10
|
|
Etude prospective, 1 année, incluant tous les TPM+, 509 (>85% testés)
|
1,4
|
10,5
|
|
|
|
|
Echec
|
Rech.
|
Reprise
|
TOT
|
2009
|
|
Surveillance systématique des cas de RT (49% avec résultat ATB*)
|
-
|
70,0
|
12,1
|
3,0
|
12,0
|
2011
|
|
Surveillance systématique des cas de RT (63% avec résultat ATB)
|
-
|
76,5
|
13,6
|
7,9
|
16,8
|
*RT = retraitement, ATB = antibiogramme
La prise en charge de la TBMR se fait au moyen d’un schéma court de 9 mois[11] et
le Cameroun participe à l’étude multicentrique qui est conduite par
L’Uniondans neuf pays d’Afrique. Le traitement est initié en
hospitalisation à l’Hôpital Jamot, au CS Dibamba (Douala) ou à l’HR
Bamenda. Après la phase injectable, le traitement est administré en
ambulatoire à Douala et à Bamenda. Ce programme a été lancé en 2007 avec
un support technique et financier important de la GIZ. La continuité du
financement est prévue dans le projet R9 du FM. Dans la pratique, le
programme n’a pas encore bien intégré cette composante et tous les
mécanismes ne sont pas encore en place pour assurer son bon
fonctionnement. De plus, l’approvisionnement en certains médicaments de
deuxième ligne pose problème au cours des derniers mois, ce qui a
entrainéun faible taux d’enrôlement au traitement des malades
diagnostiqués.
Le
Tableau 6 montre les cas TBMR diagnostiqués et mis sous traitement au
cours des dernières années. Parmi les cas identifiés et mis sous
traitement se trouve également une fraction de cas-contact de malades
TBMR déjà connus.
Tableau 6. Dépistage et prise en charge des cas TB MR au Cameroun en 2013
Année
|
Nombre de retraitement (RT) notifiés (pays)
|
Nombre (%) de RT avec ATB
|
Nombre (%) de cas TBMR identifiés
|
Nombre (%) de cas TBMR mis sous traitement
|
2009
|
1,536
|
241 (16)
|
46 (19)
|
33 (72)
|
2010
|
1,492
|
228 (15)
|
51 (22)
|
35 (69)
|
2011
|
1,661
|
352 (21)
|
86 (24)
|
69 (80)
|
2012
|
1,616
|
545 (34)
|
101 (19)
|
53 (52)
|
2013
|
1,652
|
721 (44)
|
123 (17)
|
75 (61)
|
1.4. La TB dans les prisons et autres lieux de détentions
Dans des pays comme le Cameroun à forte prévalence de TB et VIH, ces
deux maladies constituent des risques majeurs pour la santé des
prisonniers. Une étude récente sur l’incidence de la tuberculose
(2011/12) montre que malgrél’existence d’un programmede contrôle de la
TB et le VIHdepuis 2007 dans dix prisons,conçu et réalisé selon les
recommandations internationales, le taux de notification de la TB
pulmonaire parmi les détenus est resté en moyenne près de 10 fois plus
élevé que celui observé dans la population générale comparable ajustée
pour l’âge et sexe.[12] Aucune donnée sanitaire n’est disponible pour les autres lieux de détention.
World Health Organization (2013). Global tuberculosis report 2013.Geneva (Switzerland).
Données rapportées au 10 février 2014 à la réunion d’évaluation nationale annuelle.
Projections des populations selon UN
Nana
A, Noeske J, Dambach P et al.Spatial analysis of tuberculosis in
Douala, Cameroon: Clustering and links with socio-economic status. IJTLD
2014, in press.
Comité
National de Lutte contre le SIDA. Groupe Technique Central. Rapport
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30 mars 2012
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Ce
régime de traitement comprend une phase intensive de 4 mois avec 7
antituberculeux suivie d’une phase de continuation de 5 mois avec 4
antituberculeux (4KmMfxPtoHCfzEZ/5MfxCfzEZ).
Noeske J, Ndi N, Amougou Elo G, Mbondi Mfondih S.Tuberculosis incidence
in Cameroonian prisons: A 1-year prospective study. SAMJ 2014 (in
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