Des cigarettes saisies par les agents de la douane @ le monde.fr |
Centre-urbain de Yaoundé, le ciel est sombre et l'air
est frais, Robert la vingtaine entamé s'arrête devant une échoppe de fortune
installée sur la voie public. Dans cette
échoppe, il recharge son crédit
téléphonique et achète un paquet de cigarette.
Le paquet à lui remis ne porte pas de vignette, mais pour Robert seule
sa dose de toxiques compte. Comme Robert nombreux sont les usagers du tabac qui
achète régulièrement des produits de contrebande.
En effet depuis quelques semaines, les étals sont
envahit par des cigarettes de contrebande et marques low cost ne respectant les
lois en vigueur au Cameroun. Cette
hausse de l'activité de contrebande et de contrefaçon autour des produits de
tabac n'est pas sans conséquences sur l'économie nationale.
Selon une étude menée par le Groupement Inter-Patronal du
Cameroun (GICAM) près de 29% des ventes de cigarettes sont issues de la
contrebande. La même étude révèle que les pertes fiscales et douanières liées
au commerce illicite du tabac se chiffrent à près de 4 milliards Fcfa pour
l'exercice 2006.
Cette
situation se voit aggravée par les nouvelles méthodes de fraudes fiscales
développées par certaines compagnies de tabac.
Cette fraude consiste à mettre sur le marché deux types de produits.
L'un, conforme à la loi en vigueur et l'autre est sans vignette et sans
avertissements sanitaires. Selon un agent de la brigade de contrôle, «cette
pratique sème la confusion sur les prix pratiqués sur les étals et au lieu
d’avoir un prix, on se retrouve avec deux prix pour un même produit». La même source confie
l’existence d’un réseau de trafic sous régional permettant notamment
d’arroser les marchés centrafricains et tchadiens. La contrebande profite
donc aux fabricants de tabac. Elle constitue une tactique de marketing. Des
cigarettes bon marché dissuadent les fumeurs d’arrêter, incitent largement les
plus jeunes à commencer à fumer et exposent davantage les populations aux
dangers liées à la consommation du tabac.
Au
Cameroun pour pallier le problème, des opérations de saisies sont régulièrement
faites par la brigade de contrôle du ministère du Commerce (MINCOMMERCE), la
douane et les forces de l’ordre. La
dernière en datte remonte au 04 aout 2015. 1000 cartons illicites
avaient été saisis dans un entrepôt de Cameroon Tobacco Compagny à Douala.
La contrebande et la contrefaçon des produits de tabac
ne doivent donc pas être prises à la légère. Car elle réduisent les recettes
fiscales de l'État et touche tous les pays du monde. Lutter efficacement
contre ce fléau demande des mesures
internationales. Pour cela, il est recommandé la signature du Protocole pour éliminer le commerce
illicite des produits du tabac, adopté par les Parties à la Convention-cadre de
l'OMS pour la lutte anti tabac (CCLAT). Protocole qui n'est pas encore signée
par le Cameroun. Le Gabon pays frontalier du Cameroun est le premier pays de la
région Afrique et le deuxième au monde à
avoir ratifié ce protocole. La
ratification par le Cameroun sera donc l'occasion d'améliorer la lutte anti
tabac en Afrique centrale.
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