Le tabac tue
chaque année près de 6 millions de personnes. Si elle veut préserver et
accroître ses ventes et ses profits, l’industrie du tabac doit attirer de
nouveaux clients afin de remplacer ceux qui meurent ou parviennent à se sevrer.
La publicité en faveur du tabac, la promotion et le parrainage sont au cœur de
sa stratégie commerciale. Car la publicité en faveur du tabac augmente
la probabilité que les personnes essaient le tabac ou continuent d’en
consommer. Ainsi, entre emballages glamours, cigarette-girls, affiches
publicitaires, gadgets de communication, cinéma, marketing direct, dégustation gratuite,
kiosques, T-shirts… l'industrie du tabac mène au Cameroun une offensive pour
recruter de nouveaux consommateurs et augmenter ses profits.
Cette omniprésence des campagnes de produits de tabac
est à l' origine de: Cancers, maladies respiratoires, Avc, stérilités,
anxiétés. En plus des dangers sanitaires, le tabagisme à un impact économique et social qui se traduit
par un appauvrissement des personnes et l’existence de freins au développement
de nombreux pays.
Pour pallier le
problème, les États parties à la Convention Cadre de l'OMS pour la Lutte
Antitabac(CCLAT), ont opté pour l’interdiction
de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage; car cette
dernière est un moyen efficace de diminuer la consommation de tabac. Ainsi, aux termes de l’article 13 de la
Convention-cadre de l’OMS, chaque Partie s’est engagée à instaurer une
interdiction globale de la publicité, de la promotion et du parrainage pour le
tabac. La dite Convention a été ratifié par le Cameroun par le décret N° 2005/440 Bis du 31
Octobre 2005. Aussi, le Cameroun dans le respect de ses
engagements a, dans les
alinéas 1 et 2 de l’article 39 de la loi 2006 régissant la publicité au
Cameroun, interdit la publicité en faveur des cigarettes et autres produits du
tabac .
Suite aux dérives
observées dans l'application de cette loi, le Premier Ministre a prescrit lors
du conseil de Cabinet de septembre 2015, l’édiction des textes d’application de
la loi de 2006 régissant la publicité au Cameroun. C’est dans cet ordre d’idée
que le ministre de la Communication, Président du Conseil National de la
Publicité a convoqué pour ce mois une session des membres dudit conseil pour
l’examen d’un projet de décret réglementant la publicité en faveur du tabac et
de ses produits. L’examen de l’intitulé
du décret est évocateur. Car ce décret au lieu d'interdire la publicité
en faveur du tabac et de ses produits, il la règlemente plutôt. En effet, plusieurs articles du texte prônent la publicité en faveur du tabac.
Considérant les actions de lutte anti tabac menée par l'État camerounais,
notamment la ratification de la
Convention cadre de l'OMS pour la lutte anti tabac (CCLAT) et la loi 2006
régissant la publicité au Cameroun; si le Conseil National de la Publicité
autorise la signature d'un décret déterminant
les possibilités de pratique
publicitaire ouverte aux cigarettes et aux autres produits du tabac, il
réduirait à néant tous les efforts
fournis par le Cameroun pour réduire l'impact des dangers du tabac sur les
populations. Cela contribuerait également à discréditer le pays face à ses
engagements internationaux.
Car, la publicité, la promotion et le parrainage du tabac
incitent les jeunes à consommer de ce poison, encouragent les fumeurs à fumer
davantage et réduisent leur motivation à s’arrêter. Les interdictions
partielles ont peu, voir pas d’effet sur la consommation du tabac.
Ainsi
Le tabac tue 1 consommateur régulier sur 2 et chaque année, plus de 6 millions de personnes décèdent dans le
monde de suite de tabagisme. Le tabac tue plus que le paludisme, la tuberculose
et le VIH/SIDA réunis. Au Cameroun, la
situation de l'épidémie de tabagisme est
très préoccupante. Selon les
résultats de la première Enquête Globale sur le Tabagisme auprès des Adultes
(GATS Cameroun 2013) menée par le Ministère de la Santé Publique en
collaboration avec l'institut National de la Statistique:
·
1
100 000 adultes sont des usagers
réguliers du tabac ;
·
19,2%
des adultes sont exposés à la fumée du tabac au travail ;
·
22 ,9%
des adultes ayant emprunté les transports publics sont exposés à la fumée du
tabac ;
·
80,4%
des adultes sont en faveur d’une interdiction de fumer dans tous les lieux
publics.
Car seule une interdiction totale et effective permet
de réduire le tabagisme, en particulier chez les jeunes. Dans cette optique le Ministre de la santé
publique à pris une décision portant création, de la Commission
Multisectorielle Antitabac, organe regroupant toutes les administrations
impliquées dans le contrôle du tabac. L’un
de ses objectifs est l’aboutissement de la loi antitabac. Une loi forte ayant
les caractéristiques suivantes:
1. INTERDICTION
totale de fumer dans les lieux de travail, les transports publics et les lieux
publics intérieurs.
2. EXIGER
des mises en garde sanitaires constituées
d’images et de texte couvrant au moins
70 % de toutes les faces
principales du conditionnement des produits du
tabac.
3. INTERDIRE
toutes formes de publicité de promotion
et du parrainage en faveur du tabac.
4. INTERDIRE
la vente des produits du tabac aux mineurs et par les mineurs.
5. Protection
contre l’ingérence de l’industrie du tabac : empêcher l’industrie de tabac
d’influencer l’application de politiques
antitabac.
6. AUGMENTER les taxes sur les produits du
tabac.
La
Coalition Camerounaise Contre le Tabac (C3T), voudrait attirer l'attention, des
parlementaires, des membres du conseil national des publicités et du grand
public sur l'importance de l'interdiction totale de la publicité en faveur du
tabac. Car seules les interdictions globales sauves des vies.
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