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jeudi 26 décembre 2013

Le Cameroun souffre de tabagisme


Yaoundé, dans un Café de la ville le 24 décembre 2013. Les disciples de Bacchus entre deux gorgées d’hydromel célèbrent la naissance de Jésus Christ. Ici les voutes de fumées de leur cigarettes aux odeurs peu délicates enfument  le bistrot en s’élevant allègrement vers une affiche « interdit de fumer ». Ceci, dans l’indifférence des clients du bar. Seul le gérant de l’institution et quelques de ses serveuses demandent aux fumeurs de sortir de salle du Bistrot pour la terrasse. Là-bas, ils peuvent griller une cigarette sans problème.
Au Cameroun, elles ne sont pas nombreuses les institutions et personnes qui portent des actions aussi louables en matière de lutte contre le tabagisme. La plupart des bons élèves se recrutent au sein des formations sanitaires et des institutions dont les patrons souffrent de problèmes respiratoires. 
 Une législation faible
Pour lutter contre le tabac et ses méfaits, le Cameroun a pris nombre de mesure dont les plus importantes sont  sans doute : la ratification de la Convention Cadre de l’OMS pour la lutte anti Tabac ;  la loi N°2006/018 du 29 décembre 2006 régissant la publicité au Cameroun, l’arrêté N°967 MINSANTE/MINCOMMERCE du 25 Juin 2007 portant marquage sanitaire des emballages des produits à base de tabac.  Aujourd’hui, force est de constater que malgré l’application de ces mesures juridiques, les risques liés au tabagisme dans notre pays sont de plus en plus grand.  Résultat, 17,5 % de la population est fumeur. 37% de la population camerounaise est exposé à la fumée dans les lieux publics et par conséquent  aux même risques sanitaires que les fumeurs.
Plus de 15, 5%  des jeunes consomme du tabac, sous diverses formes, notamment la chicha et les joints de cannabis. Le narguilé, depuis longtemps populaire en en Afrique subsaharienne  est de plus en plus prisé dans les métropoles Camerounaise, où ce mode de consommation séduit les jeunes et en particulier les filles. « C’est un produit associé à la convivialité. Or une chicha, c’est l’équivalent de 40 cigarettes », explique le professeur Hichem Aouina, pneumologue, membre de la Commission nationale tunisienne de la lutte contre le tabagisme.
Autre signe inquiétant l’âge de la première cigarette. « Avant  7 ans, la prévalence tourne autour de 5 % »
Publicité sournoise
Au Cameroun la publicité en faveur du tabac est interdite.  Mais au quotidien, l’on remarque que cette loi reste l’apanage des médias.  Les cigarettiers qui font des efforts dans les grandes villes profitent de la faiblesse de cette loi  et de celle du système pour améliorer leur stratégie marqueting.  En effet Ils continuent à faire de la publicité mais de façon sournoise. Et s’ils font quelques efforts dans les villes, rien n’a changé dans les zones rurales.
 Si l’OMS et la Coalition Camerounaise contre le Tabac ont récolté le plus de données possible, il est encore difficile d’évaluer l’impact des politiques de sensibilisation. « Les choses changent malgré tout », estime le docteur Flore Ndembiyembé, Présidente du  conseil d’administration de l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique et présidente de la Coalition Camerounaise Contre le Tabac.
 « Les populations sont de plus en plus informés des dangers liés à cette addiction. Il faut cependant regretter qu’aucun accompagnement au sevrage ne soit soutenu par les pouvoirs publics. »
Au Cameroun Comme dans la plupart des pays africains, les patchs et autres formes de substituts nicotiniques ne sont disponibles que dans quelques points de vente et, de toute façon, hors de portée de la plupart des porte-monnaie. Pas étonnant dans ces conditions que les fumeurs les plus réguliers se trouvent parmi les populations les plus pauvres.
Au Cameroun, La consommation, sous toutes ses formes, est aisée même les mineurs s’y lancent sans problème. Ici,  À toute heure, dans quasiment tous les quartiers des grandes villes, mais aussi dans les villages les plus reculés, on  trouve toujours un vendeur de rue ou une boutique est ouverte.  Le paquet de cigarette le plus couteux est de 1500 et le moins couteux 300 Fcfa, alors que la boîte de 36 gommes à mâcher à la nicotine coûte 4000 F CFA. Aucune compagnie d’assurance-maladie ne prend en charge les frais de sevrage. Une situation qui fait en sorte que le tabac soit le produit le plus vulgaire du pays.  Plus facile à trouver qu’un comprimé de Nivaquine. 
Lueur d’espoir
Le problème est un peu le même partout. Le Cameroun comme d’autres  États africains a adhéré à la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti Tabac, mais sa mise en œuvre et son application  traînent. En effet, il n’existe pas de véritable politique nationale anti tabac, les efforts de lutte conduite par la Société civile sont financés par des bailleurs de fonds.
Toutes fois il convient de dire que de gestes quotidiens posés par les populations camerounaises  montrent  que le message de lutte anti tabac passe. Dans les écoles les enfants reçoivent des enseignements sur les méfaits du Tabac. Dans les rues et les associations de plus de conversation sont alimentés par le tabac et ses effets néfastes. Dans certaines résidences, il est interdit de fumer. Les médias quant à eux, en ont fait un sujet phare.
Au regard de l’état actuel de l »épidémie de tabagisme au Cameroun, l’adoption d’une loi anti tabac conforme aux dispositions de la Convention Cadre de l’OMS pour la lutte anti tabac est la solution idoine pour le lutter contre se mal dans notre pays et protéger la santé de nos populations et notre environnement des effets dévastateurs du tabac.
Afrique : Cancers en hausse
« Lorsque j’étais pneumologue à N’Djamena, j’avais, en 1989, un cas de cancer du poumon tous les deux mois; en 1999, nous en étions déjà à quatre à cinq cas par mois », se souvient le docteur Jean-Pierre Baptiste, aujourd’hui en charge du programme régional de lutte contre le tabagisme à l’OMS. Même tendance en Tunisie, où, selon Wilded Ben Ayoub, le cancer du poumon arrive en tête des cancers chez les hommes. « Et d’ici à 2024, il y en aura quasiment quatre fois plus qu’aujourd’hui », prévoit cette tabacologue qui tient une consultation gratuite à l’institut Salah Azaïz de Tunis. De moins bonne qualité, les cigarettes vendues en Afrique ont souvent une plus forte teneur en nicotine et en goudron. Elles sont donc plus additives et plus dangereuses, selon l’OMS. Pas de quoi être optimiste. « Il faut agir maintenant pour ne pas atteindre les niveaux de consommation des pays du Nord, avertit Jean-Pierre Baptiste. L’Afrique n’est qu’au début de l’épidémie. »

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