NUMÉRIQUE. Cet article est extrait du
mensuel Sciences et Avenir n°818 disponible en kiosque et en version numérique
via l'encadré en bas de l'article.
Source: www.sciencesetavenir.fr
ADDICTOLOGIE. La
cigarette tue, c’est connu, mais on ignorait jusqu’à quel point. Deux analyses
de grande ampleur, une américaine et une australienne, viennent de réévaluer le
risque encouru par un fumeur régulier. Le résultat fait froid dans le dos et
incite à écraser sa clope sur le champ : deux fumeurs réguliers sur trois
décèdent des suites de leur consommation de cigarettes!
Pour parvenir à cette conclusion,
les auteurs ont étendu le nombre de maladies imputables au tabac. Jusqu’à
présent, on lui en attribuait 21, dont 12 types de cancers, 6 sortes de
maladies cardiovasculaires, les diabètes (type 1
et type 2),
la broncho-pneumonie
chronique obstructive (BCPO) et la pneumonie. Or,
il s’avère que le spectre est bien plus large incluant pas moins de 52 causes
de mortalité, dont des insuffisances rénales, l’hypertension, l’ischémie
intestinale, des cancers
du sein et de la prostate, etc.
Jean-Pierre Couteron, psychologue
clinicien et président de la fédération Addictions n’est pas surpris par ces
données effrayantes. "C’est
tout le paradoxe du tabac : il tue en masse alors même que son attractivité
n’est pas due à la recherche d’une sensation d’ivresse comme c’est le cas pour l’alcool
ou le canabis, mais est uniquement marketing."
Pour cette
raison, il milite pour l’adoption du paquet neutre afin d’empêcher l’entrée
dans la tabagie des jeunes et se désole que le lobbying actif des cigarettiers
ait jusqu’à présent empêché l’adoption de cette mesure. Sans oublier que
l’Etat, à qui le tabac rapporte 14 milliards d’euros de taxe par an, rappelle
Matthieu Pechberty*, ne semble pas très pressé de fermer les robinets de
cette manne...
Mais, quand on est fumeur, rien
n’est perdu pour autant, et comme le précise Catherine Hill, épidémiologiste à
l’institut Gustave-Roussy (Paris), "arrêter
réduit considérablement les risques et il n’est jamais trop tard pour le faire.
C’est un message de santé publique essentiel. Arrêter le tabac à 40 ans améliore
l’espérance de vie de 7 ans. L’arrêter à 50, de 4 ans."
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