Même lorsqu'une cigarette est éteinte, ses
émanations continuent d'être nocives pendant des heures.
Fumer
quand la maison est vide et que les enfants sont à l'école n'est pas une
solution. Les résidus de fumée de cigarette restent une source d'exposition aux
polluants nocifs pendant de longues heures.
Non
seulement il sent mauvais, mais le tabac froid est également dangereux. Après
qu'une cigarette a été fumée, des particules de tabac restent présentes dans
les tissus d’intérieur, tapis, rideaux, sur les murs, les meubles... Elles
peuvent s'avérer nocives pendant 18 heures selon une étude publiée récemment.
« C’est
assez simple », résume le Pr. Yves Martinet, chef du service de
pneumologie au CHU de Nancy, et président du Comité national contre le
tabagisme, « la fumée se répartit dans l’air: nicotine, goudrons,
particules fines… Certains produits toxiques se fixent sur les tissus et sont
libérés régulièrement dans l’air dans les heures qui suivent ».
Des
substances dans l'air pendant au moins 18 heures
Une
étude franco-américaine, parue dans la revue Environmental
Science & Technology, estime que ces émanations
dangereuses se prolongent jusqu'à 18 heures. Les chercheurs des universités de
Berkeley et Clermont-Ferrand ont analysé les niveaux de 58 composés organiques
volatils (COV) et des particules ultra-fines dans deux environnements.
Dans
un laboratoire de 18m3 ventilé, ils ont utilisé une machine à fumer qui a
consommé des cigarettes, puis ils ont effectué des mesures pendant 18 heures.
La nicotine avait disparu à l’état gazeux après deux heures, "probablement
en raison de l’absorption par les surfaces", précise l’étude.
D'autres
COV ont persisté dans l'air jusqu'à la fin des mesures, en particulier, du
carbone, des furanes et des nitriles. Les concentrations de certains COV
excédaient même encore les seuils jugés dangereux quelques 18 heures plus tard.
Les
chercheurs ont également réalisé des relevés sur le terrain, dans la maison
d’un fumeur, 8 heures après la dernière consommation de cigarette. Là, 29 COV
ont été détectés à des concentrations modérées à élevées, dont 18 étaient aussi
présents dans l'air extérieur.
Tabagisme
environnemental et tabagisme passif
Les
chercheurs notent que le danger lié aux résidus augmente fortement pendant 5
heures, puis plus progressivement pendant 5 heures avant de diminuer lentement.
« De nombreux fumeurs savent que le tabagisme passif est dangereux, ils ne
fument donc pas en présence de leur enfant. Mais si, par exemple, ils arrêtent
de fumer à 14 heures, et que les enfants rentrent à 16 heures, nos travaux
montrent que les dégâts liés au tabagisme environnemental s’élèvent toujours à
60 % », explique Hugo Destaillats, principal auteur de l’étude, dans un
communiqué publié cette semaine sur le site de l'université
de Berkeley.
Alors pour
les enfants, quels sont les risques?
« Les
mêmes que ceux liés au tabac : cancers, maladies cardiovasculaires, maladies
respiratoires... », liste Yves Martinet que cette étude ne surprend pas,
« cela ne fait que confirmer les risques liés au tabagisme passif. Il ne
s’agit pas d’une curiosité, mais bien d’un risque sanitaire important ».
Pour lui, il n’y a pas de secret. Pour
protéger ses proches, il faut simplement éviter de fumer. Mal connu, le
tabagisme environnemental pourrait représenter de 5 à 60% du tabagisme passif,
précise encore l'étude.
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