Paris, le lundi 30 juin 2014 –
L’objectif ultime de la lutte contre le tabagisme est d’aboutir à un monde où
l’on ne compterait plus de fumeurs. On le sait, l’interdiction totale et
immédiate du tabac n’est pas envisagée pour atteindre un tel but. D’autres tactiques
sont donc mises en œuvre afin de favoriser la disparition progressive du
tabagisme (hausse des prix, limitation du droit de fumer dans certains lieux,
interdiction à la vente à certaines catégories de population, etc.). Ainsi,
grâce à l’adoption de mesures toujours plus drastiques, des pays comme la
Finlande et l’Australie n’excluent pas d’en avoir fini avec la cigarette d’ici
2040.
De l’interdiction de fumer dans les lieux publics à l’interdiction du tabac
pour les moins de 14 ans
La
Grande-Bretagne fait également partie de ces états qui ont mis en œuvre une
politique toujours plus active de lutte contre le tabac. Dans ce combat, la
puissante British Medical Association (BMA) a souvent joué un rôle pivot. C’est
elle qui fut ainsi à l’origine de la loi interdisant de fumer dans les lieux
publics et qui a également favorisé l’adoption d’une législation très récente
qui verbalise les personnes fumant en voiture quand un enfant est à bord. La
semaine dernière, elle a franchi un pas supplémentaire en adoptant une motion
proposant qu’il soit interdit (de façon définitive) de vendre du tabac à toute
personne née après l’an 2000.
« Dénormaliser » la consommation de tabac
Il
s’agit par une telle mesure d’empêcher la « naissance » de nouveaux fumeurs
alors que l’on sait que les premières expérimentations du tabac commencent
généralement à l’adolescence. Une telle proposition repose sur la constatation
que face à la difficulté du sevrage, la façon la plus simple de lutter contre
le tabagisme est de dissuader les jeunes de commencer. D’ailleurs, neuf fumeurs
adultes sur dix regrettent de s’être initiés au tabac. On sait par ailleurs que
les adolescents sont rapidement très dépendants de la cigarette : ainsi, un
sondage utilisé dans une récente campagne des CDC américains rappelaient que
les trois quart des adolescents fumeurs qui étaient convaincus qu’ils auraient
abandonné la cigarette dans les cinq ans ne l’avaient pas fait. Ces différents
arguments ont donc poussé plusieurs représentants de la BMA à soutenir cette
proposition : « Il s’agit de dénormaliser la
consommation de tabac de manière progressive et de réduire petit à petit le
nombre de personnes qui deviennent dépendantes » a notamment insisté Tim
Crocker-Buque.
Une mesure contre-productive
Cette
recommandation de la BMA n’a cependant pas été adoptée à l’unanimité. Lors de
la séance du 24 juin au cours de laquelle elle a été étudiée, le débat a été
houleux. « Vous faites du sensationnalisme » a ainsi lancé
Yohanna Takwoingi. Comme beaucoup d’autres praticiens opposés à cette mesure,
l’ORL de Birmingham a par ailleurs mis en garde contre les effets
délétères de la prohibition et notamment le développement de marchés parallèles,
dont les conséquences sanitaires sont parfois pires encore que celles associées
à un marché autorisé et régulé. Enfin, le praticien s’est interrogé sur
l’impact réel d’une telle mesure sur les adolescents ? Ne risque-t-elle pas au
contraire de faire plus encore de la cigarette un « fruit défendu »
s’est-elle par exemple interrogée.
Idée fumeuse pour la France
Du
côté du gouvernement, qui suit toujours très attentivement les suggestions et
remarques de la BMA, on a indiqué étudier de très près cette proposition, même
si aucun projet de loi n’est à l’étude.
En
France, cette proposition a été observée souvent avec moqueries et
circonspection, confirmant que notre pays n’a pas choisi en matière de lutte contre le
tabagisme d'envisager toutes les solutions.
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