Ils se regroupent désormais à deux ou à trois voire plus autour d’une tablette sur laquelle est posée un étrange objet au bout duquel pend un tuyau avec un embout arrondi. Les jeunes se le passent les uns après les autres après avoir aspiré le contenu du vase puis rejettent la bouffée de fumée dans un geste de satisfaction. C’est la Chicha ou encore Narguilé une nouvelle forme de distraction que les jeunes garçons et filles semblent découvrir aujourd’hui pour se distraire. L’objet l ressemble à une calebasse tout droit sortie des fours des souffleurs de verre.
Car à la base
on a un vase en cette matière surmontée d’autres pièces métalliques arrondies
ou creuses. Il est rempli d’eau ou d’un liquide parfumé au goût de la mangue,
du citron, de l’ananas, de la papaye, de la banane, des pommes, etc. Au dessus
on a un petit plateau métallique sur lequel se déverse la cendre du charbon
ardent chimique préalablement allumé qui brûle au dessus du papier aluminium
qui recouvre l’autre vase plus petit dans lequel on a mis des feuilles d’arbres
fruitiers.
Entre les deux
segments, on a le filtre qui évite au consommateur une contamination avec le
produit qui se calcine. Car à chaque aspiration, le liquide dans le grand vase
bouillonne et l’intérieur se remplit d’une fumée qui ressort par le tuyau qui
est rattaché au filtre. Certains dispositifs ont deux sorties, pouvant prendre
deux tuyaux pour permettre à deux personnes de consommer en même temps. Selon
Abdel Kader, jeune élève venant de la région du Nord où il fréquente, « ce
n’est qu’une distraction, il n’y a rien de nocif dans la contenu du chicha»,
précise t-il.
Car c’est une
tradition importée des pays arabes où il est né en 1913, selon les informations
qu’il lit sur le carton des feuilles d’arbres fruitiers encore appelé NAKHLA
d’un poids de 50g. Dans la ville de Yaoundé notamment que nous avons sillonné,
les cercles ouverts ou fermés comme les snacks bar privés où les adeptes de
Chichia se retrouvent se multiplient. A Tsinga, à Biyem-Assi, à la Briqueterie,
à Santa Barbara, à Etoudi, dans plusieurs quartiers, on en trouve désormais.
Les prix pour un tour qui dure entre 15 et 30 minutes oscillent entre 2.500
FCFA et 10.000 FCFA selon les milieux.
Les jeunes femmes
notamment apprécient «cette autre façon de prendre des fruits
qu’elles trouvent saine, et récréative» selon leurs dires. Elles peuvent en
humer une à trois fois par jours en fonction de leurs besoins quotidien et
inopiné. Le problème
actuellement, c’est que certaines personnes ont trouvé un autre moyen de
s’envoyer en l’air, puisqu’en lieu et place des feuilles d’arbres fruitiers,
ils utilisent du chanvre indien encore appelé Banga chez nous. Il semblerait
que d’autres produits hallucinogènes plus puissants soient également employés
par ces groupes de jeunes. L’instrument lui-même se vend au prix de 25.000
FCFA, voir 50.000 FCFA selon la provenance. Il peut être plus petit que celui
que l’on voit sur l’image qui vous est proposée ou plus grand.
Un
vecteur de maladies
La Chicha
pourrait s’apparenter à une gigantesque pipe que les jeunes fument abondamment
actuellement. Ils se le passent les uns après les autres en sachant bien que
cela peut transmettre les maladies
dangereuses comme les hépatites. C’est la raison pour laquelle certains
emploient une pipette en matière plastique qu’ils enlèvent après avoir terminer
leur tournée. D’autres utilisent des pipettes en métal qu’ils peuvent brûler à
loisir afin de stériliser l’objet pour le prochain consommateur. Mais tous ne
prennent pas ces précautions. Dans le même ordre d’idées, le liquide que
contient le vase doit être changé dès lors qu’il commence à noircir, car à ce
moment là, il provoque des quintes de tous chez le client et ce peut être
dangereux puisque l’on peut étouffer. Il
y a aussi les risques d’addiction à cette distraction que l’on devrait
redouter. Pourtant ; la chicha est composée de 25% de tabac mélangée à de
la mélasse et un arôme de fruit qui lui donne ce côté acidulé et parfumé qui
trompe les fumeurs et qui leur paraît anodin pensant que cette agréable
sensation ne peut pas être provoquée par des produits toxiques. Les risques sur
la santé, comme l’augmentation de
cancers, de bronchites, ou de problèmes cardiovasculaires ont été mis en
évidence. Pis, des mesures révèlent que l’augmentation du monoxyde de carbone
expiré à la fin d’une chicha équivaut à celle observée lors de la consommation
de deux paquets
Source:
hebdomadaire privé "Notre Santé"
Par Jean
Bonfils Ouandjou
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