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vendredi 10 avril 2015

Cameroun: dans les méandres du commerce illicite du tabac

Contrebande, contrefaçon : les trafics de cigarettes explosent, boostés par l'appât du gain de certains importateurs et fabriquant de produits de tabac. Un marché parallèle qui fait la fortune des groupes mafieux, de l'industrie du tabac et plombe  les finances de l'Etat.
Au Cameroun, pays producteur de tabac, le marché de la cigarette est extraverti à près de 90%. Une situation qui fait suite à l'arrêt des activités de productions des industries locales. Malgré la hausse des taxes à l'importation, le chiffre des affaires des compagnies tabacoles  croit chaque année tandis que les recettes de l'Etat ne cessent de chuter.
A l'origine de cette situation, se trouve le commerce illicite du tabac, souvent appelé tabac de contrebande, il regroupe des produits qui ne sont pas conformes aux règlements du Cameroun en matière de tabac, spécifiquement ceux reliés à l'importation, l'estampillage, la fabrication, la distribution, l'étiquetage et la taxation. l'activité bat son plein  depuis quelques années.
Selon une étude menée par le Groupement Inter-Patronal du Cameroun (GICAM) près de 29% des ventes de cigarettes sont issues de la contrebande. La même étude révèle que les pertes fiscales et douanières liées au commerce illicite du tabac se chiffrent à près de 4 milliards Fcfa pour l'exercice 2006.
Pour palier le problème, des mesures ( estampillages, opérations de contrôle...) ont été prises. Mais l'effet  des ces mesures semble avoir été émoustiller dans la réalité. Car en dépit des  opérations coup de poing qui ont conduit à la saisie de plusieurs  milliers de cartons de cigarettes contrefaites ces 10 dernières années, contrebande des produits de tabac est monnaie courante.
Les chemins de la contrebande
Le Cameroun partage une frontière commune avec le Nigéria, le Tchad, la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale.  Ces frontières sont reparties sur des surfaces maritimes comme terrestre. Célèbres pour leur porosité légendaire, les frontières  camerounaises constituent des nids de contrebandes.  En dehors des voies "connues", les contrebandiers ont crées  des voix privées en pleine foret  dans les régions du Sud, du Nord-Ouest, de l'Ouest, et de l'Est, dans les savanes du septentrion et dans les criques du littoral.
Les pratiques de la contrebande
Dans les points d'entrées officiels ( postes douaniers, ports ...), le commerce illicite se manifeste beaucoup plus par la fraude douanière et commerciale. Elle consiste à tromper la vigilance des douaniers sur la valeur, les positions tarifaires, la destination et la nature des marchandises déclarées. 
Dans certains cas, les valeurs des marchandises sont minorées afin de réduire les droits de douane à payer. Il existe aussi des cas de dissimulation de certaines marchandises qui ne peuvent être détectées que par le scanner.  Compte tenu de ce qu’environ 40% des conteneurs passent par le scanner, les cas de fraude douanière par dissimulation ou par tromperie sur la nature de la marchandise sont assez réduits.
Les routes  de la contrebande sont contrôlées par des réseaux de mafieux  qui les sécurisent et garantissent la livraison.  Le prix du passage est composite et intègre plusieurs partenaires ( transporteurs,  agents de douanes et de la sécurité routière et maritime...). Selon des enquêtes menées au Canada, les compagnies de tabac, constituent la grande majorité des contrebandiers. En effet,  des importateurs financement implicitement des réseaux mafieux dans l'optique de faire écouler leur produits. Certaines multinationales de cigarettes bien connues ont d'ailleurs livrés par le passé des cigarettes à des réseaux mafieux/ rebelles. C'est le cas du Libéria, la Sierra Léone, l'Angola... Au Cameroun, il n'existe aucune preuve d'une pareille action.
Selon des sources proches du  réseau de la contrebande au Cameroun, les cigarettes courantes (médium) sont vendues  entre  40 000 à 50 000 Fcfa (85 à 100 dollars US). Elles payent environ 20 000 à 25 000 Fcfa ( 40 à 50 Dollars Us) de droits de passage. Ce qui conduit à un prix de revient  d'environ 75 000 Fcfa (150 Dollars US). Elles sont ensuite revendues sur le marché  entre 105 000 et 115 000 Fcfa et produisent une marge brute locale d'environ  40 000 Fcfa par carton  pour un prix consommateur de 300 Fcfa le paquet soit 150 000 Fcfa(243 Dollars US) le carton au détail.
Selon notre source, ces transactions se passent régulièrement avec la complicité des agents la douane , de l'armée locale et même de l'administration qui réintroduisent souvent dans le marché les cigarettes saisies lors des opérations coup de poing .
Face aux stratégies des contrebandiers, il est à reconnaitre que les forces douanières et militaires ne semble pas suffisamment outillé pour lutter contre la contrebande. Selon certains observateurs, la formation des agents des différents corps en matière de lutte contre la contrebande serait un handicap.
La contrebande de la cigarette ne doit donc pas être prise à la légère, c'est une activité qui rapporte énormément d'argent au crime organisé. C'est une activité qui touche tous les pays du monde. lutter efficacement contre  ce fléau demande des mesures internationales. Pour cela, il est recommandé la signature  du Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac, adopté par les Parties à la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte anti tabac (CCLAT) . Protocole qui n'est pas encore signée par le Cameroun. Le Gabon pays frontalier du Cameroun est le premier pays de la région Afrique et le deuxième au monde  a avoir ratifié ce protocole.  la ratification par le Cameroun sera donc l'occasion d'améliorer la lutte anti tabac en Afrique centrale.
                                                                                                  


 

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