Contrebande,
contrefaçon : les trafics de cigarettes explosent, boostés par l'appât du gain
de certains importateurs et fabriquant de produits de tabac. Un marché
parallèle qui fait la fortune des groupes mafieux, de l'industrie du tabac et
plombe les finances de l'Etat.
Au Cameroun, pays
producteur de tabac, le marché de la cigarette est extraverti à près de 90%. Une
situation qui fait suite à l'arrêt des activités de productions des industries
locales. Malgré la hausse des taxes à l'importation, le chiffre des affaires
des compagnies tabacoles croit chaque
année tandis que les recettes de l'Etat ne cessent de chuter.
A l'origine de cette
situation, se trouve le commerce illicite du tabac, souvent appelé tabac de
contrebande, il regroupe des produits qui ne sont pas conformes aux règlements
du Cameroun en matière de tabac, spécifiquement ceux reliés à l'importation,
l'estampillage, la fabrication, la distribution, l'étiquetage et la taxation. l'activité
bat son plein depuis quelques années.
Selon une étude menée par le Groupement Inter-Patronal du Cameroun (GICAM) près
de 29% des ventes de cigarettes sont issues de la contrebande. La même étude
révèle que les pertes fiscales et douanières liées au commerce illicite du
tabac se chiffrent à près de 4 milliards Fcfa pour l'exercice 2006.
Pour palier le
problème, des mesures ( estampillages, opérations de contrôle...) ont été
prises. Mais l'effet des ces mesures
semble avoir été émoustiller dans la réalité. Car en dépit des opérations coup de poing qui ont conduit à la
saisie de plusieurs milliers de cartons
de cigarettes contrefaites ces 10 dernières années, contrebande des produits de
tabac est monnaie courante.
Les
chemins de la contrebande
Le Cameroun partage
une frontière commune avec le Nigéria, le Tchad, la République Centrafricaine,
le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale.
Ces frontières sont reparties sur des surfaces maritimes comme
terrestre. Célèbres pour leur porosité légendaire, les frontières camerounaises constituent des nids de
contrebandes. En dehors des voies
"connues", les contrebandiers ont crées des voix privées en pleine foret dans les régions du Sud, du Nord-Ouest, de
l'Ouest, et de l'Est, dans les savanes du septentrion et dans les criques du
littoral.
Les
pratiques de la contrebande
Dans les points
d'entrées officiels ( postes douaniers, ports ...), le commerce illicite se
manifeste beaucoup plus par la fraude douanière et commerciale. Elle consiste à
tromper la vigilance des douaniers sur la valeur, les positions tarifaires, la
destination et la nature des marchandises déclarées.
Dans certains cas,
les valeurs des marchandises sont minorées afin de réduire les droits de douane
à payer. Il existe aussi des cas de dissimulation de certaines marchandises qui
ne peuvent être détectées que par le scanner.
Compte tenu de ce qu’environ 40% des conteneurs passent par le scanner,
les cas de fraude douanière par dissimulation ou par tromperie sur la nature de
la marchandise sont assez réduits.
Les routes de la contrebande sont contrôlées par des
réseaux de mafieux qui les sécurisent et
garantissent la livraison. Le prix du
passage est composite et intègre plusieurs partenaires ( transporteurs, agents de douanes et de la sécurité routière
et maritime...). Selon des enquêtes menées au Canada, les compagnies de tabac,
constituent la grande majorité des contrebandiers. En effet, des importateurs financement implicitement
des réseaux mafieux dans l'optique de faire écouler leur produits. Certaines
multinationales de cigarettes bien connues ont d'ailleurs livrés par le passé
des cigarettes à des réseaux mafieux/ rebelles. C'est le cas du Libéria, la
Sierra Léone, l'Angola... Au Cameroun, il n'existe aucune preuve d'une pareille
action.
Selon des sources
proches du réseau de la contrebande au
Cameroun, les cigarettes courantes (médium) sont vendues entre
40 000 à 50 000 Fcfa (85 à 100 dollars US). Elles payent environ 20 000
à 25 000 Fcfa ( 40 à 50 Dollars Us) de droits de passage. Ce qui conduit à un
prix de revient d'environ 75 000 Fcfa
(150 Dollars US). Elles sont ensuite revendues sur le marché entre 105 000 et 115 000 Fcfa et produisent
une marge brute locale d'environ 40 000
Fcfa par carton pour un prix consommateur
de 300 Fcfa le paquet soit 150 000 Fcfa(243 Dollars US) le carton au détail.
Selon notre source,
ces transactions se passent régulièrement avec la complicité des agents la
douane , de l'armée locale et même de l'administration qui réintroduisent
souvent dans le marché les cigarettes saisies lors des opérations coup de poing
.
Face aux stratégies
des contrebandiers, il est à reconnaitre que les forces douanières et
militaires ne semble pas suffisamment outillé pour lutter contre la
contrebande. Selon certains observateurs, la formation des agents des
différents corps en matière de lutte contre la contrebande serait un handicap.
La contrebande
de la cigarette ne
doit donc pas être prise à la légère, c'est une activité qui
rapporte énormément d'argent au crime organisé. C'est une
activité qui touche tous les pays du monde. lutter efficacement contre ce fléau demande des mesures internationales.
Pour cela, il est recommandé la signature
du Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac,
adopté par les Parties à la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte anti tabac
(CCLAT) . Protocole qui n'est pas encore signée par le Cameroun. Le Gabon pays
frontalier du Cameroun est le premier pays de la région Afrique et le deuxième
au monde a avoir ratifié ce
protocole. la ratification par le
Cameroun sera donc l'occasion d'améliorer la lutte anti tabac en Afrique
centrale.
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