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jeudi 13 février 2014

Impact sur l'environnement

L’impact négatif du tabac sur l’environnement est méconnu mais bien réel.

Les effets connus du tabagisme concernent essentiellement ses dégâts sur la santé et dans une moindre mesure son coût économique et social qui se traduit par un appauvrissement des personnes et l’existence de freins au développement de nombreux pays. 
L’impact du tabac ne se réduit cependant pas à ces seules dimensions, il intègre également une forte composante environnementale, largement méconnue en France, mais qu’il importe de prendre davantage en compte. 
On estime que le tabac porte atteinte à l’environnement dans son ensemble avec une contribution significative au phénomène de réchauffement climatique ainsi qu’une mise en péril directe des écosystèmes. 

Le tabac porte atteinte à l’environnement de multiples manières.
De la culture du plant de tabac, aux produits chimiques qui la composent, jusqu’à la gestion des déchets des mégots en passant par le packaging des cigarettes, l’ensemble du cycle de vie d’une cigarette ou d’un autre produit du tabac porte grandement atteinte à l’environnement. 
La culture et le séchage des feuilles de tabac contribuent au phénomène de réchauffement climatique considéré aujourd’hui par les experts comme l’une des menaces majeures pour notre planète. Le réchauffement climatique est causé par l’accroissement des niveaux de dioxyde de carbone et par les émanations de gaz polluants dans l’atmosphère. Ces gaz sont libérés par la combustion de carburants fossiles mais aussi par la réduction de la surface forestière. Or le tabac est séché en diffusant un air chaud sur les feuilles. Dans de nombreux pays, ceci nécessite de couper des arbres et de les brûler pour produire l’énergie permettant le processus de séchage, tandis que dans d’autres pays, la source d’énergie la plus fréquemment utilisée est le gaz.

L’impact majeur du tabac sur la déforestation
On estime que 200 000 hectares de forêts disparaissent chaque année en raison de la plantation de tabacs. Cette déforestation touche principalement les pays en développement. Elle explique directement 1,5% net de la déforestation globale [1].
Environ 12 mètres cubes de bois sont nécessaires pour la fabrication d’une tonne de tabac. Dans un pays comme le Malawi, près de 80% des arbres coupés sont utilisés pour le tabac, alors même que les planteurs de tabac ne représentent que 3% des agriculteurs de cette région.
Dans des zones semi-arides où se pratique la culture du tabac, la disparition des forêts peut mettre en péril l’équilibre écologique de la région et contribuer à un appauvrissement et au phénomène de désertification d’espaces devenus impropres à l’agriculture. Tel est par exemple le cas du district d’Aura au nord ouest de l’Ouganda où s’est pratiquée une culture intensive du tabac qui a conduit à une érosion dramatique des sols.
Les terres ne sont plus cultivables pendant plusieurs années et il faut trouver sans arrêt de nouveaux espaces. Confrontée à la nécessité de trouver des sources d’énergie, l’industrie du tabac a essayé d’inciter les tabaculteurs à planter des arbres en dehors de leurs cultures de tabac. Toutefois les plantations mises en place par British American Tobacco au Kenya par exemple portent sur des espèces étrangères à cet environnement comme par exemple des eucalyptus ou des cyprès qui ont la particularité de pousser rapidement mais de porter atteinte à la biodiversité et de ponctionner et réduire les ressources en eau. Par ailleurs, nombre de tabaculteurs refusent d’utiliser ces espèces pour sécher leurs plants de tabac, préférant vendre ce bois et continuer à utiliser la forêt pour leur bois de chauffage [2].
[1] Geist, HJ, Global assessment of deforestation related to tobacco farming. Tobacco Control 1999 ; 8 18 – 28
[2] Agroforestry in Africa, Panos, 1990

La culture du tabac est liée à une consommation élevée de pesticides
Le tabac est une plante fragile susceptible d’attraper de nombreuses maladies. Il s’ensuit que des quantités importantes de fertilisants, herbicides et pesticides sont utilisées pour cette culture.
Parmi les pesticides les plus fréquemment utilisés, on note l’aldicarb et le chlorpyrifos, qui sont deux insecticides hautement toxiques.
De même le bromure de méthyle, un composé chimique portant fortement atteinte à la couche d’ozone, est également très répandu pour fumiger les sols avant la plantation des semences de tabac. En 1997, plus de 2,5 millions de kilos de bromure de méthyle ont été déversés dans les champs de tabac dans le monde [1].
Les effets de l’usage de ces produits toxiques ne sont pas évalués et surveillés en tant que tels, mais l’on sait que ces produits traversent les sols et infiltrent les nappes phréatiques, les rivières et se retrouvent présents dans les chaînes alimentaires.
Ces substances peuvent également indirectement conduire à l’apparition d’une sélection génétique de moustiques et de mouches résistants aux pesticides contribuant par là même à aggraver la lutte contre certaines maladies telles le paludisme.
La maladie du tabac vert 

En plus des risques sanitaires posés par l’utilisation des pesticides, les tabaculteurs sont susceptibles de contracter la maladie du tabac vert.  Dans la culture du tabac, cette maladie est due à l’absorption par la peau de grandes quantités de nicotine lors de la manipulation de feuilles de tabac humides. Les enfants ouvriers dans les pays pauvres, en raison de leur plus faible corpulence, sont particulièrement sensibles à cette intoxication qui provoque étourdissements, malaises, vomissements, maux de crâne et faiblesse musculaire.
[1] Tobacco, farmers and pesticides. Pesticide action network, 1998.

La réduction de la production de nourritures vivrières et l’appauvrissement des pays producteurs
La culture du tabac induit une réduction des surfaces agraires dédiées aux produits agricoles d’alimentation. On évalue que l’affectation de terres, actuellement utilisées pour les cultures du tabac, à des cultures vivrières permettrait de nourrir de 10 à 20 millions de personnes [1]. Pour les pays producteurs de tabac, une analyse coût/bénéfice de la culture du tabac a montré que le gain à court terme en faveur du tabac disparaît avec les coûts induits sur le moyen et long terme (coûts sanitaires, environnementaux, économiques et sociaux).
[1] Barry M, The influence of the US Tobacco industry on the health economy and environment of developing countries. New England J Medicine, 1991, 324 : 917-9
Pollution et incendies

Pollution 

Les filtres des cigarettes sont fabriqués à partir d’une sorte de plastique qui nécessite jusqu’à 12 années pour pouvoir être décomposés. Les 4,5 milliards de mégots de cigarettes dispersés à travers le monde entier chaque année tuent des millions d’oiseaux, de poissons et d’autres animaux.
Selon le Conservatoire des Océans, organisme en charge de la surveillance de la pollution des mers, les cigarettes constituent la première source de déchets dans le monde sur les plages. Une enquête réalisée dans 68 pays sur les déchets collectés dans le cadre du nettoyage des plages montrait que parmi les 7,7 millions de débris recensés, la part des cigarettes et des mégots représentait : 1,9 million [1].

En France, il y a actuellement plus de 14 millions de fumeurs en France, ce sont autant de mégots que nous trouvons. A notre connaissance, aucune statistique en France n’estime le poids de ce déchet. Au Royaume Uni, les cigarettes représentent la principale source de déchets dans les rues, représentant entre 70 et 90 % de tous les déchets urbains. Environ 200 millions de mégots sont jetés tous les jours, représentant environ 122 tonnes d’ordures [2].
Incendies
Les cigarettes et allumettes sont une cause fréquente d’incendies. En effet, des cigarettes mal éteintes peuvent provoquer des dégâts considérables : incendies de forêts, de maisons causant des victimes : blessés et morts ainsi que des dégâts matériels importants.
[1] Cigarette litter remains a beach bane. CBS News 7 June 2007.http://www.cbsnews.com/stories/2007/06/07/national/main2896929.shtml
[2] Encams Facts and Figures

L’industrie du tabac prétend agir en faveur de l’environnement mais ses pratiques vont à l’encontre de ce discours
Aujourd’hui, les grandes compagnies de tabac annoncent aujourd’hui avoir mis en place des programmes de réduction de leurs émissions de CO et elles reconnaissent officiellement la portée défavorable que le changement climatique pourrait avoir sur leurs chiffres d’affaires et sur l’environnement [1]. Pour autant, en 2006, les émissions de la seule compagnie de tabac BAT (British American Tobacco) représentait avec une production de 690 milliards de cigarettes, l’équivalent de d’une demie-tonne de CO[2].
Par ailleurs, les fabricants de tabac se livrent fréquemment à des activités de blanchiment moral, à travers des opérations dites « écologiques ». Récemment, British American Tobacco (BAT) a prétendu avec force vouloir faire prendre conscience aux fumeurs de l'impact écologique de leur consommation tabagique et limiter le rejet des mégots dans la nature. La démarche réelle de ce cigarettier consistait en réalité en un contournement de la loi lui interdisant de faire de la publicité et la promotion de ses produits.
Le traité de la CCLAT se caractérise par la nécessité pour les pays de trouver des solutions de remplacement économiquement viables à la culture du tabac.
En effet, de nombreux pays comme le Brésil ou le Kenya ont démontré l’existence de plusieurs alternatives rentables et durables à la culture du tabac[3], rendant l’agriculture plus compétitive et plus productive tout en promouvant parallèlement l’utilisation durable des ressources naturelles.
[1] Réponses de BAT, Imperial Tobacco, Japan Tobacco International, à la consultation britannique sur le projet de réduction des gaz à effet de serre, 2004, https://www.cdproject.net/en-US/Pages/HomePage.aspx
[2] Rapport annuel de BAT 2006

[3] Les Politiques de Développement et le Tabac,http://www.smokefreepartnership.eu/IMG/pdf/french_draft_4.pdf

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