Les chercheurs de l’Inserm qui ont mené ces travaux constatent notamment que le tabagisme passif est aussi délétère que le fait de fumer. Il apparaît en outre que le tabac est plus nocif quand sa consommation débute avant une première grossesse.
La cohorte EPIC est composée de près de 500 000
personnes en bonne santé au moment de leur inclusion, qui sont suivies depuis
1992 dans dix pays européens. Elle inclut en particulier les femmes de la cohorte
française E3N. Grâce aux informations recueillies lors de
l’inclusion des participants, les chercheurs ont pu réévaluer les liens entre
l’exposition au tabac, active et passive, et le risque de développer un cancer
du sein. Parmi les 322 000 femmes éligibles à cette étude, les chercheurs ont
enregistré la survenue de plus de 9 800 cancers du sein. Pour chacune de ces
femmes, ils disposaient d’informations concernant l’usage du tabac passé ou
présent, l’âge d’initiation au tabac, la durée du tabagisme et les quantités
consommées, l’exposition passive familiale ou professionnelle au moment de
l’inclusion...
Un sur-risque
modéré
Le
recoupement statistique de toutes ces données a permis aux auteurs de clarifier
de nombreux points. Les résultats confirment sans ambiguïté que la consommation
active de tabac augmente le risque de cancer du sein. "Ce sur-risque
est modéré puisqu’il n’est que de 16 %. Mais compte tenu du nombre de cancers
du sein déclarés chaque année, ce chiffre n’est pas négligeable", clarifie
Laure Dossus*, coauteur des travaux. Les auteurs ont également constaté que
l’exposition passive au tabac augmente quasiment autant ce risque (10
%). "Nous ne disposions pas de données précises sur la durée
d’exposition passive ou la dose inhalée, mais les données montrent que les
femmes exposées au moment de l’inclusion ont développé davantage de cancers,
précise la chercheuse. Jusque-là, les données de la littérature étaient
ambiguës sur cette association qui paraît ici très claire".
Une autre
conclusion de cette nouvelle étude confirme des données déjà suggérées :
commencer à fumer jeune, avant une première grossesse, augmente davantage le
risque de cancer du sein plus tard dans la vie. Une initiation tabagique entre
16 et 26 ans accroit le risque de presque un quart (22 %), alors que le
sur-risque est nul quand la femme commence à fumer après 26
ans. "Cela ne signifie pas qu’il faut commencer à fumer après cet âge
car le tabac est très nocif pour d’autres organes, comme le poumon, mais il se
pourrait que les différenciations des cellules mammaires qui ont lieu au cours
d’une première grossesse réduisent l’impact de la fumée de tabac sur le
sein", suppose la chercheuse. Voilà quoi qu’il en soit des arguments supplémentaires
pour renforcer la prévention anti-tabagique chez les jeunes femmes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire