Selon une recherche de l'Université Concordia au
Canada, l'abandon du tabac devient plus complexe lorsque des troubles de santé
mentale entrent en jeu.
Les fumeurs ayant reçu un diagnostic de
dépression éprouvent le besoin de prendre une pause cigarette deux fois plus
souvent que ceux qui n'ont pas à composer avec un trouble de l'humeur. Qui plus
est, les personnes qui ont le plus de difficulté à arrêter de fumer pourraient
en réalité avoir plus de problèmes de santé mentale qu'elles ne le croient.
Tandis que près d'un adulte nord-américain
sur cinq fume régulièrement, chiffre qui demeure en baisse constante, environ
40 pour cent des personnes dépressives ont souvent besoin de griller une
cigarette. Ce constat a incité une équipe de chercheurs, logée en partie à
l'Université Concordia, à mettre au jour ce que dissimulait ce pourcentage plus
élevé.
L'ensemble de leurs observations a
récemment fait l'objet d'un compte rendu dans la revue Nicotine & Tobacco
Research.
Ainsi, leur étude a révélé que les fumeurs aux prises avec une maladie mentale
ont tout simplement plus de difficulté à se défaire de leur habitude, peu
importe à quel point ils souhaitent cesser de fumer.
En effet, l'anxiété, les envies ou le
manque de sommeil qui se manifestent généralement lorsqu'on cesse de fumer d'un
seul coup font souvent en sorte qu'on se précipite sur la première cigarette en
vue – à laquelle on avait pourtant juré de ne plus jamais toucher.
Or, une personne qui ne souffre pas de
dépression clinique est mieux à même d'affronter les difficultés liées au
sevrage tabagique.
Cependant, il a été démontré qu'un peu
d'exercice peut diminuer l'envie compulsive d'allumer une cigarette – même si
cela n'est pas suffisant pour soulager les symptômes de la dépression.
À la suite d'une étude d'une durée de 18
mois, les chercheurs ont constaté que, même dans un contexte d'entraînement des
plus élémentaires, il était plus facile de cesser de fumer. De fait, ils ont
observé qu'à la suite de séances de marche régulières, les symptômes de sevrage
étaient d'intensité moindre.
"Ce constat devrait être considéré
comme un appel à l'action", affirme Grégory Moullec, chercheur
postdoctoral affilié au Département des sciences de l'exercice de l'Université
Concordia et coauteur de l'étude. "Aussi espérons-nous que cette étude
continue de sensibiliser les chercheurs et les cliniciens au rôle prometteur de
l'exercice dans le traitement de la dépression et l'abandon du tabac",
ajoute l'auteur principal, Paquito Bernard de l'Université de Montpellier, en
France.
En outre, leur recherche montre dans quelle
mesure la lutte difficile de certaines personnes contre la cigarette peut
révéler la présence d'une dépression mal diagnostiquée.
Les études sur le rôle bénéfique de
l'exercice dans l'abandon du tabac
se poursuivent. Beaucoup des fumeurs désireux de rompre avec le tabagisme
seraient certainement prêts à tenter de se débarrasser de leurs envies uniquement
par l'activité physique.
"Nous avons besoin d'arguments encore
plus solides pour convaincre les responsables de politiques, explique Grégory
Moullec. Malheureusement, il y a encore des gens qui mettent en doute les
bienfaits de l'exercice et persistent à privilégier les stratégies
pharmacologiques. Toutefois, si nous continuons à mener des études ambitieuses
et à adopter des méthodes strictes, nous arriverons à déterminer quelles
interventions sont les plus efficaces."
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