Selon Le Figaro, le projet de loi que la
ministre de la Santé va présenter le 17 juin prévoit la mise en place de
paquets de cigarettes neutres et l'interdiction de la cigarette électronique.
Pour faire baisser le tabagisme, il faut, selon lui,
d'abord lutter contre le marché parallèle
et interdire efficacement la vente de tabac par
Internet. « On stigmatise les buralistes », déplore-t-il, en
rappelant que 720 d'entre eux ont fermé leurs portes en 2013.
La Seita
Imperial Tobacco, dans un communiqué, juge qu'« aucun recul de laconsommation n'a été
observé » en
Australie depuis la mise en place de ce type de paquet. « Le marché du
tabac a même augmenté de 0,3 % en volume », note le cigarettier.
Le fabricant estime par ailleurs que cette mesure va « faciliter le travail des
contrefacteurs » et
représente « une atteinte manifeste au droit de la propriété », ce
qui pourrait valoir aux fabriquants de cigarettes des
indemnités « de plusieurs centaines de millions d'euros pour le seul
Etat français ».
Yves Martinet, président du Comité national contre le
tabagisme (CNCT), est quant à lui convaincu qu'il s'agit d'une « bonne
mesure » car le paquet de cigarettes est utilisé comme un «
instrument de marketing ».
« L'objet
de séduction doit devenir un objet d'information. Poursurvivre, l'industrie du
tabac doit recruter entre 200 000 et
300 000 nouveaux fumeurs chaque année. Et un paquet neutre, les
jeunes trouvent que ce n'est pas attractif. »
« Le paquet
neutre est une sorte de bombe atomique », juge Yves
Bur, président de l'Alliance contre le tabac, une coalition d'une
trentaine d'organisations. L'ancien député UMP rappelle qu'il avait lui-même
déposé une proposition de loi en ce sens en 2010.
« Cela aura
un impact auprès des jeunes qui sont sensibles à l'imaginaire et à la
symbolique des marques. La mesure, en soi, ne va pas être déterminante. Mais elle doit s'inscrire dans un catalogue. »
Pour le
professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l'hôpital de la
Pitié-Salpêtrière, à Paris, et président de l'Office français de prévention
du tabagisme (OFT), il serait « incompréhensible » qu'une
telle mesure ne soit pas prise. « C'est le dernier endroit où
l'industrie du tabac fait encore de la publicité », dit-il.
Brice
Lepoutre, président de l'Association
indépendante des utilisateurs de cigarette électronique (Aiduce), considère
qu'il s'agirait d'une « mesurette qui ne servirait à rien ». «
Tous mes collègues fumeurs ont un cache-paquet », dit-il.
Interdiction du vapotage dans les
lieux publics
Pour Yves
Martinet, du CNCT, cette interdiction serait « une bonne
chose » . D'une part parce que cela participe de la «
dénormalisation de la consommation de tabac », d'autre part parce
qu'il existe, selon lui, du « vapotage passif ».
« On a
retrouvé de la cotinine [un dérivé de la nicotine] dans le sang de
personnes qui ne vapotent pas et qui se trouvaient dans la même pièce que des
personnes vapotant. »
Yves Bur, de l'Alliance contre le tabac, se
prononce lui aussi pour une interdiction du vapotage « selon les mêmes
règles que celles des produits du tabac ». « Il fautétablir une règle simple, dit-il : On ne vapote pas dans
les lieux où on ne peut pasfumer. »
« Traiter l'utilisateur de cigarette
électronique comme celui de cigarette n'est pas choquant », estime Bertrand Dautzenberg,
de l'OFT, pour qui il s'agit d'une« règle de vivre-ensemble ».
Brice
Lepoutre, au nom des «
vapoteurs », assure au contraire qu'une telle interdiction serait «
une catastrophe sanitaire ».
« Quand la
vapote est interdite dans les entreprises, beaucoup de
personnes redeviennent fumeuses, car avec la cigarette électronique la nicotine
a un effet de quinze à trente minutes, contre environ une heure avec la vraie
cigarette. »
Le président
de l'Aiduce avance un autre argument.« Plus de 200
études assurent que le vapotage passif n'existe pas. Les taux de cotinine
retrouvés n'ont pas de signification clinique. Et le danger, c'est le tabac. Le
fumeur ne meurt pas de la nicotine mais de toutes les cochonneries qu'il y a
autour. »
Rendre possible un nouveau type d'action de
groupe
Les actions
de groupe (class action) dans le secteur de la santé pourraient êtreautorisées, ce qui
permettrait aux plaignants de ne pas saisir seuls la justice dans le
cadre des scandales sanitaires. Une mesure « extrêmement
intéressante », pour Yves Bur, le président de l'Alliance
contre le tabac.
« J'espère
simplement que les modalité pour attaquer les multinationales de la mort
seront simples et que ce ne sera pas un parcours du combattant juridique. »
Un enthousiasme
que partage Yves Martinet, du CNCT, pour qui « il faut que l'industrie
du tabac soit face à ses responsabilités, c'est-à-dire la
vente d'un produit qui tue. »